Difficile cohabitation entre un "1" Érard (212 cm, 1897) et un "3" Pleyel (204 cm, 1931).
Malgré les cordes croisées du Pleyel, celles de l'Érard sont plus longues - et plus fines, ce qui se
retrouve dans une moindre puissance des basses en particulier. Remarquez aussi le fil de la table d'harmonie :
parallèle aux cordes parallèles sur l'Érard, en diagonale, mais perpendiculaire aux cordes basses sur le Pleyel
Pleyel est un piano d'artiste, Érard un piano d'ingénieur*. Toute la différence entre le besoin
d'un Chopin et celui d'un Liszt !
* qui a dit ça ? Jean Louchet ?
Article de Wikipedia
Alfred Cortot jouant Chopin, commenté par des grands pianistes. Cortot était un inconditionnel de Pleyel | Un entretien avec Samson François, tout d'abord sur un modèle 3 (demi-queue avant guerre), Liszt Xè étude d'exécution transcendante, puis sur un Steinway, en concert, le concerto en fa de Chopin. Samson François jouait habituellement sur Steinway. |
Rappelons que les trois compères d'infortune Érard, Pleyel et Gaveau, autrefois si concurrents, si différents, se sont regroupés en 1959 (Gaveau absorbe Érard) et 1961 (arrivée de Pleyel dans le groupe) et alors que tout allait si mal pour la facture française après guerre. Ce groupe fait faillite peu après, et les noms sont rachetés par Schimmel, de Brunswick. Quelques facteurs issus de cette industrie française s'associent pour fonder la manufacture Rameau à Alès. Le groupe Martigny rachètera Rameau dans les années 1990 sous le nom de Pleyel puis déménagera à Saint Denis, non loin de l'ancienne manufacture Pleyel.
Les pianos fabriqués par Schimmel sont facilement reconnaissables à l'indication "fabriqué sous contrat à Brunswick" (ou Braunschweig, karrément) écrite en lettres de laiton juste sous le logo du cylindre. Ce sont de bons pianos, mais des Schimmel, bien allemands, pas des instruments avec leur particularités de timbre bien françaises.
Pourquoi la France a-t-elle abandonné sa facture de piano ? Cette facture était pourtant au tout premier rang jusqu'à la crise de 1929. Il semble qu'outre-Rhin la politique a été différente.
La première photo montre un traditionnel demi-queue, avec ses 5 barres, sa fausse table ; il reconnaissable par ses pupitres latéraux. La deuxième montre la barre harmonique et les étouffoirs par en-dessous. Cela vous rappelle-t-il quelque chose?
Cette facture marseillaise a ses inconditionnels et son association : BOISSELOT & FILS, MARSEILLE
Ce facteur français d'origine allemande (encore ! la facture française prend une origine bien orientale, entre Alsaciens, Allemands et Autrichiens - voir ci-dessous) est entre autres (137 brevets!) à l'origine de la garniture des marteaux avec du feutre (1826) et du croisement des cordes, tendues en diagonale, les cordes graves passant au-dessus du plan des autres cordes, afin d'augmenter leur longueur (1828).
Le facteur parisien Henri Herz simplifie la mécanique d'Érard, notamment en attrapant le marteau
par la queue et non par la fourche typique d'Érard. Et, ce qui se voit le plus depuis d'extérieur,
ce sont les étouffoirs qui sont situés sur les cordes, s'aidant de la pesanteur pour étouffer.
Cette mécanique sera (et est toujours) adoptée
universellement. Elle est parfois appelée mécanique Érard-Herz.